À propos de Don Bluth...

On parlait de la musique d'ouverture de Cannes. Mais saviez-vous qu'elle vient d'un film d'animation ? On se souvient tous de ces grands dessins animés qui ont bercé notre enfance; "Le petit dinosaure et la vallée des merveilles", "Charlie",  "Fievel et le nouveau monde", "Poucelina", "Anastasia", ou encore le magnifique "Brisby et le secret de Nimh"...
Tous sont l’œuvre d'un génie de l'animation qui a connu pendant une vingtaine d'année un grand moment de gloire et malheureusement trop oublié aujourd'hui. Retour donc sur la grande production du réalisateur Don Bluth.

Don Bluth en 1955 se serait présenté vers l'âge de 18 ans avec un portfolio au studio Disney, il est engagé comme intervalliste (donc il dessinait les images entre les images principales d'une séquence, sachant qu'une seconde représente 24 dessins, ce qui permet de donner plus de mouvement et de fluidité) sur le film "La Belle au bois dormant", film sur lequel il n'est pas crédité.
Il continue en même temps ses études, fait des missions pour l'église catholique (il est vrai que cette influence religieuse se ressent à travers le sujet de certains de ses films). Il crée un théâtre avec sont frère ou il monte des comédies musical pendant 3 ans.

Il est engagé au département "Layout"(qui consiste en l'arrangement des images d'une scène, perspective, profondeur de champs, l'espace sur l'image...) toujours pour Disney dont il devient le directeur de ce département pour des films comme "Bernard et Bianca" et "Rox et Rouky".
Il est d’ailleurs l'animateur en chef du film "Peter et Elliott le Dragon", film ou l'on reconnait d’ailleurs bien sa patte.
(image appartement au studio Disney et simplement mise ici en consultation
merci de votre compréhension)

Ensuite il crée chez Disney le court métrage "Le petit Âne de Bethléem" en 1978, film qui prouve sa tendance religieuse, mais aussi sont incroyable talent d'animation dont certains personnages préfigurent déjà ceux du film "Charlie". La musique très présente, et un éclairage phénoménal: Don Bluth aime jouer avec la lumière dans ses film !
Don, déçu par le fait que selon lui on ne trouve plus le travail et la magie des Disney d'autrefois, se fâche peu à peu avec les studios et commence à créer son propre studio. Une véritable folie, à l'aide de deux autres animateurs, et pas des moindres: Gary Goldman et John Pomeroy. Ils décident de créer leur propre film d'animation !
1975 : À trois seulement, ils décident de travailler tous les weekends jour et nuit dans un garage dans le plus grand secret. Peu à peu ils installent le matériel nécessaire, et après 5 ans de travail titanesque, en 1979, sort le court métrage "Banjo". Le film est un immense succès qui reçoit un très grand nombre de récompenses. Il faut dire que cet agréable film d'animation musical, digne des films d'animation Disney, est une véritable leçon de volonté. Le succès est si grand qu'ils ne tardent pas à réunir de quoi créer leur premier long métrage; l’équipe quitte donc Disney.

En 1982 sort alors ce qui est sans doute pour moi un des plus grands (si n'est le plus grand) film d'animation de tous les temps. Et donc le meilleur de Don Bluth: "Brisby et le secret de NIMH".
Le film jouit d'un jeu d'éclairage et de lumière spectaculaire, l'animation est superbe... que dire de ce chef d’œuvre ! Steven Spielberg, émerveillé par les premiers rushs, ne tarde pas à investir dans la production. Le film aurait du être crée par Disney qui le jugeait trop sombre. C'est peut être effectivement pour cela que film ne trouve pas son public. Et sera à sa sortie un échec financier. Il est vrai que le film est très en avance sur son temps, et finalement cible un public très adulte. L'acronyme NIMH signifie en Français institution gouvernementale Américaine pour la santé, organisme qui existe réellement, ce qui a probablement pu créer polémique au États-Unis, tant le film n'est pas tendre sur les expériences faites sur les animaux. Le film, qui raconte le combat d'une maman souris prête à tout pour sauver son fils atteint d'une pneumonie fatale, rappelle la volonté qu'il faut avoir pour sauver une vie. Un sujet fort. Traité avec poésie. Seuls les rats connaissent un remède... mais qui voudrait aider une petite souris ? Certes le film se base sur les convictions de Disney; les gentils et les méchants... Mais n'en souffre pas car la nuance existe dans certains personnages, ce qui rend le film très agréable: ainsi le terrible hibou, dont la scène en fait un personnage effrayant, mangeur de souris. Mais qui, touché par le courage du personnage principal, décide de lui venir en aide, et lui épargne la vie. Le film a l’avantage de tourner sur plusieurs personnages et ne se cible pas uniquement sur Madame Brisby. Chaque personnage a son importance. Aussi pendant son périple et son absence au foyer, on peut suivre les aventures de ses enfants qui attendent le retour de leur mère. Le film possède donc le montage d'un grand film classique, agrémenté de voix off et même de flash-back, ce qui est très rare en animation, surtout pour un film tout public. Tout en posant des questions sur l’existence, la vie communautaire, et surtout la théorie de Darwin, le film rappelle la difficulté de vivre avec le regard de la différence. Ainsi les Rats sont victimes de leur intelligence grandissante suite à une modification génétique, ce qui crée de la jalousie pour certains, et qui fait la peur de l'homme. Le film est soutenu par une très belle chanson "pour l'amour d'un enfant" chantée par Svertiana pendant le film et par Yves Duteil au générique. Générique d’ailleurs ornée de très belles aquarelles. Les studios Disney qui souffrent énormément à ce moment-là, d’ailleurs au point d'hésiter à mettre les clefs sous la porte, se retrouvent avec un sérieux concurrent sur un marché dont ils semblaient avoir une sorte de monopole jusque là.
Le film connaîtra une suite, "La légende de Brisby", mais ce film n'est pas réalisé par l'équipe de Don Bluth même si l'histoire reste correcte l'animation, elle, est entièrement réalisée à Taïwan, et elle reste sérieusement à désirer !


Don et son équipe n'abandonnent pas, malgré cet échec financier, ils créent de nombreux jeux vidéo, dont l'animation 2D reste légendaire; "Dragon's Lair" ou "Space Ace".

Steven Spielberg, toujours intéressé par le travail de Don, décide de devenir son principal producteur; il est aussi celui qui proposera le scenario de ce nouveau film qui est partiellement inspiré de la vie de leurs anciens grands-parents qui étaient des immigrés juifs. Ensemble, ils vont créer un nouveau long métrage toujours avec une petite sourie (peut être sur les conseils célèbres de Walt Disney qui disait que les petites souris touchaient toujours le grand public, ont servis. Qui sait ?). Le film s'appelle "Fievel et le nouveau monde". C'est un immense succès qui créa une très grande franchise de produits dérivés, et de nombreuses suites.
Même si le film basé sur des convictions très Américaines gênera peut-être certains, il n'est néanmoins pas si positif et montre une fois de plus la grande difficulté des personnages à s’intégrer dans leur univers. Les personnages sont persuadés que les USA sont une terre bénie, les souris croient qu'en Amérique il n'y a pas de chat, ce qui va les décevoir à leur arrivée ! Le film est très défendu par la critique et rapportera une somme phénoménale à travers le monde entier. La chansons principale du film est une des chansons les plus célèbres, et un des plus gros succès à l'époque. Cette même année Don déménage ses studios en Irlande et crée ainsi le plus grand studio d'animation d'Europe.


Toujours avec Spielberg, ils vont créer plusieurs film dont :

  • 1988 :  "Le petit Dinosaure et la vallée des merveilles" sort sur les écrans. Le succès est tel sur ce film qu'il connaîtra 11 suites animées et une série TV. James Horner crée pour ce film une musique envoûtante qui ajoute la magie au film. Les studio Disney en feront un plagia en 2000 avec le film Dinosaure mais sans le même succès public. Don met dans ce film son thème le plus récurent, celui de l'importance de l'amitié avant tout. 


  • Un film particulièrement original et débordant d'humour (j'ai rarement autant rit enfant que sur ce film) sort en 1989. Le film regroupe toutes les principales convictions de Don Bluth! Qui crée une vraie comédie musicale à la Broadway, c'est un des meilleurs films des studios, mais le film sort en même temps que "La petite sirène" de Disney qui vient de remonter au plus haut de leur renommée, ce qui ne facilita pas les choses pour le studio irlandais. Si tous les chiens vont au paradis, tel est le vrai titre du film, il est plein de rebondissements, les suites non plus ne sont pas faites par Don, et ne sont tout simplement pas terrible. Vous remarquerez le travail fabuleux de l'animation et la ressemblance avec le court métrage  "Le petit Âne de Bethléem".

Par la suite le film "Rock-o-rico", film qui marque le retour de Don sur le mélange film avec prise de vue réelle, et animation traditionnelle, comme sur "Peter et Elliot le dragon": le film connait un succès mitigé. 

Le public revient avec la sortie en 1994 de "Poucelina", d’ailleurs le film doit ressortir d'ici peu en 3D. La musique fait le tour du monde et le film reprend les recettes Disney. 


En 1994 sort le film "Le lutin magique", le pire échec commercial pour Don Bluth; le film en France ne sortira même pas au cinéma mais directement en VHS. Il faut dire que le film se plaint d'absence de publicité, les studio Disney étant redevenus les leaders du marché. Mais aussi que ce film souffre un peu d'être trop enfantin et sans surprise l'animation et bien moin réussite. Peut être que cette histoire de Troll n'a pas non plus touché le jeune publique le scénario et un peu légé.   
En 1995 sort "Youbi, le petit pingouin", le film n'est pas très long, 1h14, pareil que le précédent, le film n'arrive pas à trouver son public... les studios vont mal.

C'est alors qu'en 1997 un nouveau long métrage se crée et le film est immense succès planétaire.... mais si vous le connaissez !
L'histoire d'une princesse, çà ne vous rappelle rien ? Oui, bon les Disney, Blanche Neige, Cendrillons, La belle au bois dormant... 
Il s’agit donc du film "Anastasia": faire d'une légende issue d'un personnage réel un film d'animation était vraiment un pari risqué. Le film rend hommage au film précédent, "Anastasia" de 1956, joué par Ingrid Bergman. On retrouve beaucoup de référence aux tableaux parisiens du début du XIXéme dont ceux de Claude Monet. La musique connut aussi un grand succès. 
C'est la seule suite de film qui est réellement crée par Don et Gary Goldman.


Mais alors si finalement Anastasia fut un si grand succès, que s'est-il passé ? Pourquoi tout d'un coup les studios ferment leurs portes ?

Il faut dire qu'en secret, Don et Gary Goldman travaillent sur un projet des plus ambitieux; le film le plus cher de leur carrière. Un film qui mêle animation traditionnelle avec toutes les nouvelles technologies possibles de l'époque. Tout est donc fait sur ordinateur.
Ce qui va devenir le film "TITAN AE": le film ne fut jamais remboursé, le film ne ressemblant pas au autres films de Don Bluth. En effet, ce film touche un public adulte et rappelle plus leurs jeux vidéo. Le film est très violent, très noir. Et le scénario très complexe fait perdre le fil au spectateur. Il ruine complètement le studio qui ne s'en remettra pas ! Don et son équipe se remettent aux jeux vidéo un temps, mais la 3D a pris le terrain, et ils doivent rapidement renoncer.  


Il faut dire que les films d'animation traditionnel semblaient morts. Don participe depuis à de nombreuses master class, et sa notoriété reste néanmoins internationale.

2 commentaires:

aurelie a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
aurelie a dit…

peter et elliot le dragon j'ai adore ce film j'adore encore d'ailleurs ;) et Anastasia je retombe en enfance la merci :)