Je suis allé voir la Palme d'or !

Que penser de "Winter sleep" ? Sachez d'abord qu'il s’agit du premier film turc à gagner la palme d'or.

Anecdotes : Jane Campion à fait gagner Nuri Bilge Ceylan, qui faisait partie du jury de Cannes 2009. Et il n’avait pas voté pour le film « Bright star » de Jane Campion, qui était en compétition.

           Superbe film poignant, des images sublimes, tout se joue entre les dialogues des comédiens qui créent une atmosphère unique. Pas facile de parler de ce film tellement on a peur de dévoiler l’intrigue ou de fragiliser les émotions de surprise. Très souvent en huis clos, le film dénonce les situations des classes sociales dans une Turquie moderne.
          
       Ce film est comme le coup de pierre lancé par le jeune garçon au début du film, ça fait sursauter, c’est un coup de colère, une claque sur la société.
       Le film soulève une grande question aussi, quand on ne connait pas la misère, peut-on la comprendre sans gâcher la dignité des autres ?

          L’action du film se situe en Cappadoce, grand lieu touristique international. Mais hors saison, juste avant l’entrée de l’hiver. Aussi c’est l’automne, tout est plein de boue, mais attention, le personnage principal qui marchera dans la boue changera de chaussure immédiatement. Ce qui ne sera pas le cas de la visite de certains de ses locataires qui eux vivent constamment dans cette boue. Voilà les tensions et l’atmosphère du film est lancé.
           (Pour avoir visité moi-même la Cappadoce enfant juste après un tremblement de terre, je reconnais que c’est une région très partagée entre ceux qui vivent du tourisme et ceux qui vivent dans la misère. Dans un décor splendide aux formes et aux couleurs fabuleuses. Les habitations troglodytes étant des plus surprenantes, c'est sans doute l'un des plus beau endroit que j'ai eu l’occasion de voir. Des terres rouges aux cheminées de pierre, jusqu'au fait qu'on vous propose en attrape-touriste une ballade en chameau.)  
      
            Digne d’une nouvelle de Maupassant. Inspiré de Tchekhov, le réalisateur se dit héritier de la tradition orale. Le retournement de situation est très présent aussi : au début du film le personnage principal semble avoir une vie bien remplie, puis l’ont découvre dans la seconde partie du film les secrets de famille. Les vrais rapports entre amis, et la vraie vie des locataires. Il faut attendre l’arrivée de sa sœur pour se rendre compte au travers de leur dispute et chamaillerie, des relations tendues entre lui et sa femme. Et de leur véritable relation. Le metteur en scène, qui n’en est pas à son coup d’essai, "Il était une fois en Anatolie", "les climats", "les trois singes"... reste fidèle à cette atmosphère de roman réaliste. 
          Ce que je trouve formidable, c’est qu’il ait choisi de nous montrer son histoire au travers d’un homme qui vit sa vie comme beaucoup d'Européens modernes d'aujourd’hui. Un philosophe, un homme instruit, qui travaille sur son ordinateur, rappelant qu’il est non-croyant dans un pays, qu’on oublie souvent de rappeler, qui est laïque comme la France (ce sont les deux seul pays en Europe) : il est donc très simple de s'y identifier. On s’amuse des références des dictons et même de la remarque sur l’importance nationale de l’acteur Omar Sharif que l’on ne voit qu'en photo pour le tornage du film "Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran".     
           Seul bémol, même si on ne remarque pas tellement le temps passer : Le film dure tout de même trois heures et quart, et reste très académique.
   
   
   
   

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